Rémy Delapierre
Peintures, Voyages et Photos...
Le Catamaran "Sanomar"
En 2002, toujours après avoir déposé une annonce «équipier» sur Internet, je reçois un jour un mail d’un Helmuth, qui me demande si je suis disponible pour venir naviguer sur son Catamaran. Il s’agit d’un couple dans la soixantaine, propriétaire d'un engin de 18 m, 4 étages de barres de flèches, d'une habitabilité fantastique, tout-au-moins pour moi qui n'avais jamais navigué sur ce type de bateau.
Nous prenons contact et nous nous donnons rendez-vous à La Rochelle pour faire connaissance. L'homme est un allemand, très rigoureux dans sa manière de gérer son bateau. Sa femme est anglaise, chinoise de Hong-Kong, très agréable de premier abord. Ils me reçoivent très gentiment. Après un bon repas et 2 heures de conversation, ils acceptent de m’embarquer. Programme : La Rochelle et la Grande Bretagne via la pointe de la Bretagne ... bien sûr ! Puis, plus tard, les Antilles.
Je garde de cette première année de navigation avec eux un excellent souvenir... Nous étions donc trois à bord : lui, sa femme et moi... et 18 m à gérer.
La navigation à bord est aisée. Beaucoup plus que je ne l’imaginais. Tout se gère du bout des doigts, sur l'ordinateur de bord qui s'occupe de tout. Un vrai régal. Mais j'étais quand même méfiant vis à vis de la technique centrale qui fonctionnait avec un ordinateur de bureau. Bien m'en a pris car, une nuit, j'ai pu constater une discordance entre mes observations-relèvements de feux, et l'image de la position du bateau sur l'écran de l'ordinateur. L'ordinateur était planté...
Dans l'immense carré où deux équipiers auraient pu jouer au ping-pong, c'est un vrai plaisir de prendre les quarts de nuit. La visibilité est excellente sur 360°, on voit parfaitement les voiles, on est comme un coq en pâte. Bon ! à part qu’à la manœuvre, tout seul, il me fallait près de 25 minutes pour faire une empannage. Quand au virement de bord, il fallait obligatoirement enrouler le génois à cause de la trinquette. Cet enroulement et le rétablissement de la voile se faisaient quand même depuis le cockpit, mais avec des winchs hydrauliques. Aucun effort violent... Le pied...
Et puis ce bateau m'a énormément surpris par sa capacité à remonter au près. Sitôt que le vent commençait à peine à donner de la voix, il prenait un véritable coup de pied au cul. On avançait régulièrement entre 12 et 18 Noeuds... De nuit, le sillage fuyant derrière était impressionnant. Quelle puissance !!
Helmuth est un type très rigoureux, consciencieux, un homme de procédure, bien qu’un peu déboussolé dès que ça ne se passe pas comme prévu. Sa femme est très bonne cuisinière, mais «nulle de chez nulle» en manœuvres. Elle ne se rendait pas compte de ce qui se passait, et je frémissais d'horreur quand elle manœuvrait les winchs hydrauliques (« pour apprendre », disait-elle) et qu'elle « tirait », les yeux rivés sur le bouton, sans se rendre compte que quelque chose bloquait.. Considérant la puissance des winchs hydrauliques qui se manœuvraient d'un doigt, elle aurait pu tout arracher...
Tout se passait donc très bien. Les relations étaient excellentes. Malheureusement le projet de départ vers le Sud fût retardé de plusieurs mois à cause d'une réelle avarie d'enrouleur, et aussi à cause de la marée noire du «Prestige» qui a bien pollué la côte Nord et la Galice en Espagne. De retour à La Rochelle, Helmuth a dû faire sortir le bateau à La Rochelle pour réparer son étai d’enrouleur de génois.
C’est début Août 2003 qu’ils décident de partir pour les Antilles, via Santander où un couple d'amis à eux, de nationalité espagnole, devait embarquer une quinzaine de jours et faire «de la côtière» avec nous. Parlant moi-même espagnol, le contact s'est très vite établi entre eux et moi, ce qui n'a pas plu du tout à madame, qui ne comprenait pas toujours ce que nous disions.Nous poursuivons le long du Portugal. Mais les accrocs répétitifs entre Nicole et moi n’ont de cesse. Une véritable haine de Nicole s'installe à mon encontre pour je ne sais quelle raison. Helmuth ne dit rien, enfin presque, car je les entends parfois s’engueuler dans leur cabine, en anglais... je ne comprends rien...Quoiqu'il en soit, ne pouvant adresser la parole à madame sans me prendre une volée de bois verts, je prends Helmuth en aparté, et lui mets le marché en main: où bien elle arrête son cirque, et je continue le voyage, ou bien elle continue son cirque, et j’arrête le voyage. Ce à quoi il me rétorque que c’est un problème à régler entre elle et moi, et qu’il ne souhaite pas intervenir...
Elle revient souvent à la charge, avec son lot d’insultes et de brimades prenant de la puissance. Ainsi elle ne me fait plus à manger... ressort mon linge sale de la machine à laver et le jette au sol...
Ma passivité désarmante doit encore plus l'énerver. Cela ne peut continuer comme cela. Je suis venu pour traverser l'Atlantique sur un beau voilier, certes, mais pas dans une ambiance de merde. Sur un ton très calme, je leur notifie mon intention de quitter le navire une fois à Lisbonne (le lendemain). Je me retire de la course, de leur projet, et ce, quoi qu'ils en pensent. Je m’en fiche !
La dernière nuit fût très mouvementée dans leur cabine : ils s'engueulaient, elle ne se laissait pas faire, mais tout étant en anglais je ne comprenais pas... Après tout, ce n'était pas mon problème...
J’ai compris qu’en fait, Monsieur faisait du bateau et que Madame, très amoureuse, était la banque.
A Lisbonne, une fois amarré, j'ai récupéré mes affaires, bouclé mon sac, et j'ai quitté le bord. Helmuth est resté enfermé dans sa cabine, me laissant seul à manipuler mon très lourd sac sans venir me saluer. J’ai laissé un mot sur la table à carte... en les remerciant. Sa stupide épouse était sur le quai, faisait les cent pas. Elle a voulu venir me dire au revoir, semblant tenter de mettre sa fierté dans sa poche (ce qui, parait-il, est très rare pour une chinoise...). Je l'ai ignorée totalement. Je la repousse du revers de la main, sans un mot, du style « dégage, et laisse-moi passer ». Suprême insulte ! Je l’ai vue pâlir. Touchée ! Elle n'a rien dit, et avait l'air toute penaude...
Un taxi, un hôtel, et deux jours après j'étais dans un avion pour rentrer sur Marignane où m’attendait Christiane.
Adieu Rêve-de-voyage!!!! Ce sera (encore) pour une autre fois...
De retour à la maison, j'ai continué à naviguer de temps en temps, louant même par deux fois un 12 mètres avec des amis pour naviguer en totale décontraction en Corse.
Et puis en Juillet 2006, nous prenons la décision de déménager, et nous arrivons en Charente Maritime, histoire de nous rapprocher des enfants et de notre petite fille Eloann, tout en réalisant une bonne opération financière à la revente de notre appartement à Cotignac.
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