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Les Canaries, Capt Vert, Ste Lucie

Lundi 12 Novembre 2007

J'ai fait venir un taxi, ai rejoint avec mes lourds bagages le quai d'embarquement de la navette qui relie l’île de la Gran Canaria à l'île de Tenerife. Je me suis fait accompagner en voiture sur la plage du lieu de rendez-vous.. et là j’ai aperçu le bateau d'Alan au mouillage, à 2 encablures de la plage, pleine de vacanciers. Ça respire déjà la tranquillité, une certaine sérénité, pas de stress... M’apercevant, Alan me fait un grand salut joyeux de loin, et vient me chercher avec le zodiac. Me voilà sur le bateau, avec Max, son ami.Pendant 3 jours, nous avons fait connaissance et préparé le bateau..

 

Quel changement d'ambiance ! Pas de stress, des rires, une saine ambiance de camaraderie, un respect mutuel, et on commence par arroser cela ! Premier dodo au mouillage, avec de la musique «zim-boum-boum» assourdissante sur la plage, toute la nuit !

 

Jeudi 15 Novembre 2007

Nous nous sommes rendus au port de Las Galletas, petit port tout neuf qui n'a pas encore ses pompes de gasoil ! On s'est donc payé les pleins avec des jerricanes et une brouette prêtée par un chantier voisin... Sitôt les pleins faits, allez hop ! c'est parti ! Alan me laisse sortir le bateau. On sort du port, et cap au 230 vers les Iles du Cap Vert que nous toucherons ou pas, selon la météo. Sinon, nous filerons directement vers Ste Lucie.

 

Alan est un gars ouvert, plein d'humour anglais (of course). Il me laisse faire, ne critique pas... approuve mes suggestions, et me demande si ce qu'il fait me convient. C'est une grande marque de respect, que je lui retourne. Nous travaillons ensemble, et c'est très agréable. Les premières manoeuvres sont positives, on pense la même chose au même moment, et on réagit de la même manière... Nous dialoguons tous les trois en espagnol, langue commune à nous trois.

 

 

Max, plus jeune est restaurateur aux Baléares. Il n'a pas beaucoup d'expérience maritime, mais il est animé d'une grande soif d'apprendre. Très ouvert, il parle un peu moins bien l'espagnol qu’Alan, mais nous nous comprenons parfaitement en composant de savants mélanges linguistiques, mélanges parfois curieux, mais très efficaces.

 

Le bateau est un Océanis 411 nommé Kajal et bien équipé. 2 GPS, un écran-17 ‘ à la barre, un deuxième écran en bas à la table à carte, une belle chaîne Hifi, intérieure et extérieure, un écran plat vidéo DVD et un joyeux petit bordel partout partout ! Dans ma cabine (arrière bâbord), je dors entre deux sacs à voiles. Avantage : je suis très bien calé, mais c’est moins agréable quand les voiles sont mouillées.

Nous voilà donc partis ! Je fixe les horaires de quart à suivre, en incluant Max que nous prendrons en double si besoin est. Comme il s’est bombardé lui-même cuisinier de bord, cela compense.

 

Peu à peu, tout se met en place, rythmant la vie du bateau. Le bateau avance, le vent est favorable et nous ménage... et me voilà dans ma tête à remercier Jean-Pierre de m'avoir viré du bateau ! Il ne peut pas imaginer le service qu’il m'a rendu en se pénalisant lui-même par orgueil ! Sa tristesse permanente, son stress envahissant, sa rigueur beaucoup trop restrictive, son intransigeance non justifiée, sa tête de mule, son obscurantisme et son incompétence m'auraient réellement gâché le voyage !

 

Et vlan ! Ouf ! ça fait du bien...

 

A bas Barre d’Eole !... Vive Kajal !

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Dimanche 25 Novembre 2007

Deux jours déjà !

Cette arrivée à Mindelo au Cap Vert fût pas mal du tout !

Il est 2h du matin, je suis à la barre... bien protégé dans mon ciré des embruns qui viennent de l’arrière. Au fur et à mesure que nous nous approchons du goulet entre l'île de San Antaô et l’île de Sao Vicente, le vent monte. Certainement un effet «Coriolis» local. La mer a cet endroit se forme. L’anémomètre tourne autour des 40 nœuds, avec une pointe à 46. Le bateau file à 8/10 nœuds, avec quelques beaux surfs à 12 nœuds dans les grandes descentes, selon les vagues.

 

Devant le bateau, des reliefs en ombre chinoise, tout noirs, avec juste une seule toute petite et pâle lumière au raz de l’eau. Plutôt stressant comme approche... Alan a placé l'ordinateur en bas de la descente, de telle manière que je puisse avoir l'oeil dessus tout en barrant. J'y vois juste la carte, l’île, le goulet dans lequel on doit s’engager, et la position rouge du bateau. Dehors, pas grand chose, tout est noir à part cette petite lumière toute pâle et frétillante, et la vague d'étrave éclairée par les feux de navigation avant. La frêle petite lumière est là pour marquer la petite île, à gauche de laquelle nous devons nous diriger, sans aucun repère visible sur la montagne placée à gauche. Nous avons de l’eau sous la quille. La petite lumière de l’île est maintenant à nos 2 heures, puis 3 heures, et la grosse montagne noire à notre gauche va nous tomber dessus. Et peu à peu, les lumières de la ville et du port de commerce apparaissent sur notre gauche, et nous éclairent. A l’abri de ce relief, la mer s'est soudain aplatie... A l'abri de vagues, nous affalons face au vent qui souffle ici encore à 30 nœuds, et rejoignons un point de mouillage parmi d'autres voiliers en sommeil. Je repousse à demain l'approche du ponton, non balisé.

 

Et dodo ! Ô Miracle ! La couchette ne bouge plus ! Elle doit être bloquée. Nous verrons ça demain.

 

Au matin, nous découvrons notre nouvel environnement. Des montagnes pelées, quelques cargos tout rouillés. Coté plaisance, ils ont construit des pontons sur lesquels l'eau est rationnée. On nous conseille le club nautique pour les toilettes et la douche !

 

 

Nous amarrons le bateau au ponton tout neuf, et matériel de toilette sous le bras, nous sortons de l'enceinte du port, gardée par une petite guérite vide dans laquelle hurle un transistor. La porte métallique est fermée, mais il suffit de détortiller un petit fil de fer, et le sésame ouvre la porte. Nous traversons la rue... et nous cherchons le club nautique ! Nous étions devant ! Un vieux portail de bois pourri, un bâtiment à la peinture toute écaillée. A l'intérieur, c'est l'Afrique ! Tout est de bric et de broc, rafistolé, rapiécé, tenu avec des bouts de ficelle. Mais il y a de la musique, encore de la musique, toujours de la musique, et pas en sourdine. Les gens sont aimables, gentils, le sourire aux lèvres, mais le plus souvent de manière plutôt intéressée... Je passerai sous silence la description des douches. L'essentiel est qu'il y ait de l'eau : un luxe ! Et même froide, et presque à profusion, c'est quand même le paradis.

Un peu de ménage dans le bateau et nous allons en ville. La population est noire (normal), très jeune. Nous ressentons de suite une grande pauvreté et un manque de tout ! Comme l'Espagne des années 50... après avoir connu celle des années 60... qui était du luxe en comparaison. Petits villages aux constructions de terre cuite peintes à la chaux, rues en terre battue, et des gosses souriants, beaux, serviables, mais toujours très intéressés. Le marché aux légumes est à la hauteur du niveau de pauvreté. Seul le marché aux poissons présente d'excellents produits frais, mais présentés souvent à même la terre. Il ne faut pas trop regarder, certainement question d’habitude.

 

Deux distributeurs de billets en ville, c'est tout ! Il y a une multitude de petits bars dont les terrasses sont le plus souvent entièrement barreaudées. Les vitrines des magasins sont aussi protégées par des grilles en métal. Tout cela pour se protéger d’une jeune délinquance en augmentation croissante. Nous choisissons un restaurant à l'apparence "'haut de gamme" et j'ai eu le malheur de commander un "filet mignon" : on m'a servi une espèce de tong panée, très dure puisque je n'ai pu la couper. Bon j'ai mangé les frites ! Des touristes français, non marins, nous ont dit qu'il ne fallait jamais commander de viande ici !

 

En ville, on sent la pression des regards, qui sur le sac, qui sur l'appareil photo, ou autre objet qui peut devenir très vite un objet de convoitise. Un voisin de ponton m’a raconté qu'un gamin lui avait demandé s'il n'avait pas un pantalon «jean» à lui donner, le sien étant tout déchiré. Il lui a donné un vieux jean. Et le lendemain, il a retrouvé son pantalon à l'étal du marché.

 

Il y a beaucoup de points «phone» avec cabines téléphoniques et un ou deux ordinateurs. Mais partout le haut débit est totalement inconnu, et les connexions sont très chères, et très lentes.

Lundi 26 Novembre 2007 - 1er Jour - 12h30

Bon repas hier soir, au restaurant, en compagnie d'autres touristes, non marins. Encore de la rigolade. Est-ce le grand rire jaune avant le grand saut ? Nous savons tous qu’une fois quittés les îles du Cap Vert, ce sera pour 20 jours, totalement livrés à nous mêmes. Plus sérieusement, nous nous préparons, et tentons de mettre tous les atouts de notre côté : rangement du bateau, quelques bricolages, ravitaillements, enfin... ce qu'on a pu trouver car il n'y a pas grand chose ici, si ce n'est des boites de produits allemands, à des prix exorbitants. Pas de pain «longue durée» pré-cuit. Zut, j’en avais trouvé à Las Palmas. Nous aurions pu en acquérir deux caisses. Tant pis.

 

Ravitaillement en gasoil au jerrican en ville avec une brouette (encore empruntée sur un chantier), plein des réservoirs d'eau, le tout contrôlé par le responsable du port, comme si c'était de l'or, dernière douche (froide) au club nautique, et hop ! on largue les amarres... marche arrière, non sans avoir aperçu à l’instant du départ, un couple que j'avais rencontré à las Palmas, et qui partait aussi pour la traversée.

 

Grands signes d'adieu en pleine manœuvre de départ:

- On y va !

- Nous aussi... dans une heure ! T’as changé de bateau ?

- Oui ! Alors on se retrouve de l’autre coté...

- On s’appelle sur la radio !

 

Il s'agissait du voilier Jackin. Nous les avons perdus de vue, derrière nous, et aucun contact radio ne fût possible par la suite.

Prise de cap par vent fort de 30 nœuds, et une mer bien formée entre les deux îles. En nous éloignant des terres, tout se calme peu à peu. Et les paris s’engagent ; Alan prétend que nous mettrons 15 jours, moi je dis 22. Faites vos jeux !

 

Enfin ce grand moment est arrivé : partir pour traverser... sur un bon bateau et avec de bons amis... et en plus avec les galons de skipper ! Mon Dieu ! quelle promotion depuis notre toute première sortie avec Chrismy il y a 27 ans... et pourtant, il me semble que c’était hier !

 

Soleil à main gauche, cap à l'Ouest,... au loin, à nos 8h, un autre voilier taille aussi sa route, puis s'éloigne peu à peu derrière nous pour disparaître totalement. On aperçoit aussi loin derrière nous le bateau Jackin qui a réduit fortement la toile. Je me demande pourquoi. Lui aussi va disparaître, loin derrière. J'ai tenté de les contacter à la radio, mais mon appel est resté sans réponse. Nous les retrouverons peut-être de l'autre coté, dans une vingtaine de jours

 

La mer est moyennement grosse, avec de beaux surfs dans les descentes. Le pilote réagit correctement. Mais ce matin Max, qui a voulu pendant son quart barrer "à la main" a fait une embardée. Encore maladroit, il ne sait pas anticiper la correction à apporter. Allongé dans ma couchette, je voyais sa jambe par mon hublot.. et j'étais un peu à l'affût, sentant le coup venir. Ça n'a pas loupé ! avant qu'il ne parte en vrac, j'étais déjà debout à grimper à son secours. Pas de dégât ! Juste un beau départ au lof. Il apprend. Pas trop grave ! Rien n’a cassé.

 

Les poissons volants sont étonnants.. Ils décollent par escadrille de 15 ou 20, volent au ras de l'eau pendant 15 ou 20 secondes, faisant des changements de directions brutaux, tous en même temps ! Mais comment communiquent-ils ?

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